La rigueur, moi ça me gâche le plaisir de la lecture, je préfère me laisser porter de page en page et de livre en livre. Holden, mon frère-Fanny Chiarello
29 Avril 2012
Je manque de temps en ce moment pour le blog, je suis en formation depuis six semaines, et je n'ai pas toujours accès à Internet de manière satisfaisante. Je lis toujours autant heureusement, et j' en profite pour fréquenter l'une des plus agréables librairie de France qu'est Ombre Blanche, située à Toulouse près de la place du Capitole, endroit stratégique de la ville rose, vous ne pourrez faire autrement que de vous y arrêter et succomber si vous passez devant, de plus leur marque pages sont sublimes!
Lors de ma seconde visite chez ce libraire, j'ai grandement hésite sur ce dernier roman de Marc Dugain, auteur qui me surprend toujours par ses sujets. Pour celui-ci, il est question d'"un tueur en série, qui se prend pour Kerouac", tout du moins je résume assez librement à ma manière ma lecture.
Bien que la 4eme de couverture trahisse complètement le roman, heureusement la surprise et le plaisir à lire ce roman furent au rendez vous, au point de rompre ce long silence bloguesque et de trouver le temps de connexion pour vous le confirmer. Comment dire avec ce roman, mon rythme de lecture s'est soudain accéléré, j'ai eu le souffle coupé à deux reprises et j'ai veillé très tard dans ma petite chambre d'hotel, quasi morte de trouille dès qu'un bruit extérieur perturbait le silence monacal de l'endroit.
Al Kenner a 15 ans lorsqu'il tue ses grands parents, le geste inexplicable de l'adolescent repérable du haut de ses 2,20 m, le conduit non pas à la chaise éléctrique, mais en détention, puis après jugement à l'hopital psychiatrique pour 5 ans. Lorsque le roman s'ouvre, Al est toujours en prison, le lecteur le sait, en ignore bien le motif, bien sur il y a ce doute qu'a-t-il fait après ????
Mais voilà, Al n'est pas n'importe quel serial killer, il aime lire, il dévore les livres lui aussi il a sa pile de livres à lire, alimenté par Susan, qui le visite régulièrement. Il enregistre des lectures à voix haute pour des aveugles, sa notoriété lui permet d'envisager un contrat avec une maison d'édition pour publier son histoire. Et quelle histoire, elle est racontée par flash back.
Inspiré par une histoire vraie, Marc Dugain écrit la vie d'Ed Kemper. Bien entendu, il a bien pris soin de ne pas le confondre aavec le personnage d'Al Kenner, le double fictionnelle d'Ed Kemper.
Certes, je ne connaissais pas l'histoire de cet homme, et ce n'est pas tant l'histoire qui m'a captivé, tout est dans la manière dont elle est écrite. Marc Dugain pénètre les pensées de cet homme, sa manière de raisonner, son fonctionnement et sa part d'ombre reste impénétrable, le lecteur est dans la tête de ce tueur et pourtant il ne peut savoir, ce qu'il va décider de faire ou pas.
Le portrait psychologique d'Al Kenner est une réussite, tout ce je n'osais imaginer sur le dénouement, ce que je redoutais s'est conclu. Il est question de psychiatrie, des soins apportés, de la thérapie assez lourde, du suivi une fois la personne hors de l'établissement, de psychologie criminelle et des modalités pour quasiement effacer le passé psychiatrique d'une personne.
Al Kenner nous entraine également sur la route, celle de Kerouac comme dans le roman mythique. Al, travaillant dans une concession motos à Santa Cruz dans l'état de Californie, aime les longues ballades en moto et en van, il aime prendre la route, qui se trouve être comme l'echo des angoisses de notre tueur, ce qui l'apaise et ce qui le torture également.
Marc Dugain propose une analyse de cette période de la contre culture américaine, de jeunes livrés à eux même pour le meilleure et aussi le pire sur cette route sans veritable but.
Ce roman construit comme un polar, apporte une réflexion sur le tueur en série, ses motivations à récidiver et bien entendu ne peut répondre à cette question comment empêcher cela ? Ame très sensible s'abstenir.