La rigueur, moi ça me gâche le plaisir de la lecture, je préfère me laisser porter de page en page et de livre en livre. Holden, mon frère-Fanny Chiarello
J'ai dévoré ce recueil de onze nouvelles de Ferdinand Von Schirach. L'auteur, d'origine allemande est avocat de la défense à Munich, et ceci explique bien
entendu l'origine de son inspiration : les affaires, dans lesquelles il a été amené à défendre des criminels, à plaider leur défense, voire leur innocence.
Les nouvelles de Ferdinand Von Schirach démarrent toutes comme dans la série Colombo, il y a crime et le coupable est connu du lecteur, parfois il avoue
même son crime comme une délivrance. Toute ressemblance avec la série précédemment citée s'arrête là, Ferdinand Von Schirah donne un rythme beaucoup plus vif à ces histoires et ne
mêne pas l'enquête. Les crimes ne sont pas toujours des homicides, même si certaines affaires sont assez violentes.
Et l'auteur atteint une forme d'excellence à évoquer ces criminels, ils ont tués, ont fait subir à d'autres des violences, et il construit sa
défense en placant l'humain au cente de sa défens, il n'a pas d'autre carte à abattre à ce stade : qui sont vraiment ces criminels, leur vie, leur histoire jusqu'au crime, jusqu'à vous faire
douter de l'évidence, tout honnête citoyen peut passer de l'autre côté de la grille, ainsi c'est le cas de ce grand capitaine d'industrie, dont on retrouve la maîtresse baignant dans son sang,
juste après leurs ébats amoureux, de ce grand médecin réputé, retraité, assasinant à 72 ans son épouse, de ce gardien de musée perdant complètement l'esprit à force d'observer une statue à
longueur de journée, de ce braqueur de banques récidiviste prêt à tout pour retrouver sa famille; ou de cet inconnu, dont il ne connaitra jamais l'identité accusé de legitime défense
excessive, en tuant avec un certain sang froid ses agresseurs.
Ferdinand Von Schirach fait ressortir ce qu'il y a d'humain chez eux, ceux qui leur reste d'humanité. Au point de se poser la question fatidique, et moi
qu'aurai je fait à sa place? L'idée est bien entendu de se garder de tout jugement sur l'individu, et ça fonctionne. J'ai senti à quel point cet auteur apprécait son métier, il dévoile le regard
qu'il porte sur ses criminels, un regard sans jugement, il rapelle aussi que l'erreur est humaine.
Au milieu de cette réalité, Rassurez vous les éléments fictionnels existent, font sourire également. La tension est parfois vive, cependant la briéveté du récit met
très à l'aise, un peu flippant, de temps à autre un peu de psychiatrie avec un soupçon d'Hannibal Lecter et oui c'est inevitable. Ferdinand Von Schirah sait aller à l'essentiel, il ne
brode pas, il ne défend pas une profession la machine judiciaire est lourde, il laisse chacun à sa place policiers, juges, procureurs, il reconnait le mérite de chacun, et connait les limites et
sait combien il est facile de les franchir.
La structure narrative de ces nouvelles reste assez similaire, cependant ces affaires restent captivantes et le style de l'auteur impeccable, avec certains
dénouement évident, rapellant presque les ficelles des romans d'Agatha Chrstie, mais là c'est la réalité. A peine deux, trois heures de lecture et quelle chance l'auteur a récidivé avec
un autre recueil Coupables.