La rigueur, moi ça me gâche le plaisir de la lecture, je préfère me laisser porter de page en page et de livre en livre. Holden, mon frère-Fanny Chiarello
17 Décembre 2010
Si vous craignez la rigueur de l'hiver, alors plongez vous dans ce chaleureux récit, qui vous rechauffera le coeur et l'esprit. Bien sur, Edward ABBEY nous entraine au coeur d'un désert, celui du parc national des arches en Utah, près de Moab. Un parc protégé par l'état américain, comme beaucoup d'autres dans le Colorado. Sa particularité, ce désert voit ses roches faconnées en forme d'arches et il est peuplé de genevriers.
Abbey est loin d'être un illuminé, il est ranger et c'est par conviction pour sa profession, qu'il défend ici la cause universelle de la nature. Publié en 1969, ce récit est un vrai récit humaniste et écologique, bienvaillant et optimiste sur tout ce que la nature apporte à l'homme, pessimiste sur la manière dont l'homme cotoie son environnement.
J'ai donc abordé cette lecture sous un très bon oeil, tout en conservant le parti pris de l'auteur, vous aimerez peut être (autant que moi je l'espère cet auteur) et vous n'aimerez peut être pas sa manière de penser (ce que je ne souhaite pas). Sa manière de discourir parfois contradictoire pourrait vous assommer surtout si vous etes adeptes du cocconing, et ne voyez pas l'utilité de vivre à l'air libre en contact de la nature. Bref, si vous avez la phobie du camping et des petites bêtes vadrouillantes, du feu de camp et ne comprenez le sens du mot "quart" passez votre chemin ou bien osez dépasser vos limites en lisant ce désert solitaire!
Le récit est une pure merveille, Abbey park ranger, fait partager une saison de son activité de ranger d'Avril à Septembre . C'est à dire du début de la chaleur torride aux premieres neiges- Le récit démarre tranquillement Abbey a souvent les pieds dans le sable chaud, puis on le suit sur son campement, ses activités de ranger auprès des touristes, car le parc attire des randonneurs assez inexpérimentés et dans ses escapades en solitaire ou avec des potes dans le désert des Arches.
C'est un condensé de précisions sur la flore et la faune. Bien sur, l'environnement est peuplé de genevriers, et la faune, souris, petits gibiers, cheveaux et serpents à sonnette, les sables mouvants font partie du quotidien d'Abbey (vous risquez d'en rêver comme moi).
Le recit présente des endroits insolites façonés géologiquement, des histoires de survivants qui rechappent ou pas à leur destinée comme l'histoire du tuberculeux ayant 6 mois à vivre et qui s'installa dans ce désert pour y survivre quelques années de plus, de lieux mythiques voués à disparaître comme la descente de Glen Canyon.
Pour moi le désert synonyme de néant devient un lieu où foisonne une vie, comme si le droit à vivre prend le dessus sur la nature et s'y adapte quelque soient les conditions. Le désert présente des attraits d'exception.
Vous serez tenté de rechercher sur internet des photos de ces endroits et ne le faîtes pas, laissez vous conduire par le récit et retracer dans votre imagination l'itinéraire emprunté par Abbey-
Abbey est connu pour son engagement écologiste et contestataire, il ne cesse d'interpeller son lecteur sur l'idée de partir sac à dos rempli et chausser de manière adéquate pour voir la nature et se frotter à elle. Ce n'est pas un discours culpabilisant loin de la, l'idée est pour nous de retrouver un gout à la vie sauvage (Wilderness, j'aime ce mot) quel que soit le moyen.
A ce stade, Abbey s'insurge contre le lobbying qui vise à implanter des routes goudronnées pour accéder à ces sites naturels où un droit de péage sera imposé aux touristes bien sur, il vous invite à laisser le vehicule au bord de la route et à marcher pour découvrir la paysage et la nature-
Bien sur, il fait chaud et il y a des serpents dangereux et alors??? Nos sens n'en seront que plus décuplés, c'est dangereux surement et la aussi peut être que le but n'est pas de prendre des risques ou d'être inconscient en sortant des sentiers battus- Le tout étant de se faire plaisir en retrouvant le contact avec la nature!
Mon passage préfére est celui ou Abbey décide avec son ami Ralph Newcomb, ayant une seule jambe valide de de descendre le Colorado par Glen Canyon sur un pneumatique- Auparavant, il a lu le récit du major John Wesley Powell, vétéran de la guerre de Sécession qui remonta le canyon avec ses hommes.
Les 2 hommes se laisseront guidés par les écrits de Powell pour trouver l'itinéraire et aborder sur des criques sauvages, des habitats troglodytes, des cavernes musicales et la pêche aux poissons chats pour tenir jusqu'au bout de leur périple quand les vivres seront en partie épuisés- Ballade de 10 jours qui aura d'autant plus de sens qu'aujourd'hui cet endroit n'existe plus suite à l'implantation d'un barrage il a été inondé par l'eau- Miracle de la civilisation!
Ce récit vous amenera à réfléchir à votre rapport avec la nature. Oubliez les discours médiatiques et lisez Abbey, à la différence d'Into the Wild vous comprendrez mieux les motivations de ces hommes et la manière dont Abbey aborde le risque de ce type d'existence- Je rappelle que ce n'est pas Christopher Candless, qui est l'auteur d'Into the Wild et que ses motivations ainsi que son récit son pure interprétation.
L'expérience d'Abbey est passionnante et je suis au début de ma découverte de cet auteur. Cependant, je compte remonter à la source et ma prochaine étape sera de lire John Muir, car comme tout bon écrivain les références littéraires ne manquent pas. Pour ma part, j'ai découvert un lieu sur le continent Amérique que je ne verrais jamais peut être et qu'il me semble avoir visité durant cette lecture.
Lisez Abbey, et j'en profite pour vous présenter le challenge
Nature Writting chez Folfaerie pour l'année 2011, qui je pense sera riche en
découverte littéraire. Bien sur j'y participe.