Du domaine des Murmures-Carole Martinez

Du domaine des Murmures, un roman de Carole Martinez, un titre assez bien choisi et poétique... 

Nous sommes en 1187 en Bourgogne près de La Loue, la jeune damoiselle, Esclarmonde refuse le mariage avec Lothaire, un seigneur voisin, pour marquer son refus du mariage elle se tranche l'oreille le jour des noces et demande à vivre en recluse dans une loge attenante à la chapelle Sainte Agnès, la chapelle du domaine des Murmures, le domaine de son père.

Elle fait partie des jeunes filles qui refusaient le mariage, et n'avaient pas d'autre choix que d'entrer  en "religion". C'est ainsi qu'elle se retrouve emmurée dans sa loge avec comme seule ouverture une fenestrelle, par laquelle elle reçoit visites et nourriture.

Bien que son engagement ne soit pas totalement religieux, elle n'entre pas dans un ordre, elle devient une recluse, elle fait le choix de l'enfermement. Son quotidien sera la prière et l'accueil des pélerins, des voyageurs, des laissés pour compte qui affluent au domaine pour trouver le gîte, alors qu'ils relaient Rome ou St Jacques de Compostelle. Le domaine des Murmures étant situé près de Vezelay et du monsastère de Cluny, grands lieux de pélerinage, elle tente de soulager leurs peines, leurs souffrances, et les incite à la pénitence par la prière.

C'est un roman assez court, et dont le thème me semblait prometteur, concernant l'époque. Ensuite, j'ai moyennant accrochée, à plusieurs reprises j'ai pensé à la Princesse de Montpensier, car il est question d'évoquer la femme à cette époque et l'étroitesse d'esprit de la société à son égard, et bizarement je n'ai aimé aucun des portraits féminins de ce roman, des portraits assez peu enclin à l'empathie.

Esclarmonde ne fait son choix que par rebellion vis à vis de son paternel, elle refuse la mariage, et n'épouse pas vraiment la Christ non plus, elle fait le choix de l'isolement, du renoncement de la vie publiques. Le jeune homme éconduit ne s'en remettra pas, et continuera son adoration pour elle en plantant un rosier pres de sa fenestrelle tel le rosier de Tristan et Iseult, une petite note de l'amour courtois, très légère dans ce roman.

Certes, le récit est original, Carole Martinez use et abuse du vocabulaire biblique, un peu trop à mon goût, cherchant à sacraliser son héroine. Et pourtant, de part sa fenêtre, Eslarmonde se lie au monde, à ces inconnus, tente d'apaiser les esprits repentants, éloignant de son fief des Murmures les décès, sa renomée s'amplifie et pour certains elle est sainte, pour d'autres folle. La limite est fragile. 

Certains rebondissements sont inattendus, surprenants, puis au fil de l'intrigue se sont finalement révélés pour moi décevants, de plus il est difficile de les évoquer sans trahir l'intrigue. A chacun de trouver dans l'héroine la vérité? Je me dis souvent qu'il est difficle d'avoir cette affinité avec l'auteur à chaque lecture, d'être complètement en phase avec l'auteur, parfois certains romans ne se livrent pas à nous!

Ce roman saura sans doute séduire avec son originalité, ses longues phrases poétiques, ses mots choisis judicieusement, et pourtant la poésie manque cruellement dans l'histoire, il manque cette touche désuette à tous ces personnages. Les premières pages s'ouvrent sur un endroit propice à l'évocation d'une Histoire d'un autre siècle, elle se referment à la manière d'un conte, entre ses pages j'aurais vraiment aimé trouvé un vrai conte. A lire pour les belles phrases et le style de l'auteure, qui sauront surement charmées d'autres lecteurs que moi.