La rigueur, moi ça me gâche le plaisir de la lecture, je préfère me laisser porter de page en page et de livre en livre. Holden, mon frère-Fanny Chiarello
Je sais ce n''est pas vraiment la saison pour lire Ethan Frome, c'est encore l'été et je vous colle un paysage rempli de neige sous les yeux, et avec la rentrée littéraire, il y a vraiment
d'autres auteurs à lire, mais bon ne pas évoquer une lecture de Wharton c'est impossible.
L'intrigue d'EthanFrome se situe dans un petit village de la Nouvelle-Angleterre Starkfield, Massachussets. L'histoire est racontée par un narrateur, un
étranger au village, il croise régulièrement EthanFrome. Cet homme
triste et marqué par la vie, l'émeut et de fil en aiguille il va connaître l'histoire de cet homme, assez dramatique.
Ethan a épousé Zénobia, ils vivent en retrait du village dans une petite ferme. C'est un mariage de raison. Lorsque
la cousine de sa femme Mattie s'installe avec eux, pour seconder Zenobia, dont la santé est défaillante, Ethan se métamorphose en compagnie de la jeune femme.
Elle est tout le contraire de Zénobia, aussi l'attrait d'Ethan pour Mattie devient-il comme une évidence, pour le lecteur. Or il faut tout le génie de Wharton pour rendre cette
histoire dramatique et lui donner une issue inattendue et percutante.
Cette lecture ne peut laisser indifférent, j'ai eu une vraie "dent" contre Edith Wharton, lorsque j'ai refermé mon livre. Comment dire je l'ai trouvé d'une cruauté extrême avec ses
personnages, la brieveté du texte et sa fin puissante et intense y contribue fortement.
En refermant le livre, je n'étais pas très enthousiaste, pas au point de trouver ce roman sublime. Je ne comprenais pas pourqoui elle imposait à ces personnages une telle douleur, puis petit
à petit je me suis repassé le film de cette petite histoire, qui semble être la trame du banal adultère et qui finalement est loin d'être posé en ces termes par Wharton.
Alors que la lectrice que je suis s'imaginait un dénouement à la Roméo et Juliette, les deux amoureux se rejoignant dans la mort, et bien claque Wharton vient pile me déranger dans mes plans et
me coiffer sur le poteau, certes elle m'a prise de court, je dirais elle m'a bien eu.
Wharton sait déranger sans forcément passer par la grande porte du coup d'éclat, elle maitrise l'intrigue, bâtit le crescendo, installe le malaise dans ce huisclos, c'est fait avec finesse, bien
sur il y a des signes avant coureurs mais voilà j'ai un peu comme qui dirait refusé de les voir, tout comme Ethan et Mattie.
Non, il m' a fallu du temps pour digérer la plume incisive de Wharton, et de laisser le texte se révéler et finalement n'est ce pas là le génie de l'écrivain? De donner quelques claques à son
lecteur, pas violentes , histoire qu'il ne s'enferme dans un schéma classique de lecture, de ne pas se cantonner au plaisir de lire, de faire vivre son texte dans notre petit cerveau et de
susciter chez nous des réactions auxquelles il est difficile d'échapper.
La lecture de Wharton n'est pas un plaisir passif, c'est impossible avec Ethan Frome.
Après quelques jours de reflexion sur ce roman, je me suis dit que Wharton était géniale, après avoir trouvé qu'elle était bien cruelle et bien que je ne sois pas franchement du genre à prendre
ma plume pour écrire à un écrivain, je crois bien que seule Wharton aurait pu être l'exception.
J'ai lu cette nouvelle, il y a quelques mois et à la différence de certains romans, dont j'oublie très vite l'histoire; je n'ai pas eu de difficultés à évoquer cette lecture.