27 Février 2011
Depuis quelques mois déja, Sukkwan Island avait trouvé sa place des les rayonnages de ma bibliothèque sans être lu. Sukkwan Island est un coup de foudre, c'est un roman précieux, rare et terrible à la fois.
J'avais envie de laisser de coté momentanément les deux volumineux classiques, que je lis en même temps que sont Anna Karénine de Tolstoi et Les grandes espérances de Dickens, pour me consacrer à une lecture nature writting, que j'imaginais sereine et tranquille. Je n'ai pas été déçue.
Cette fois ci, destination les grands espaces de l'Alaska, et ces îles abandonnées, peuplées par les ours, et eaux saumâtres remplis de saumons et de Dolly Varden. James Edwin Fenn vient d'acheter un terrain et une cabane sur Sukkwan Island, pas un voisin a moins de trente kilomètres. L'isolement le plus totale. James emmène son fils Roy, agé de 13 ans sur cette île durant un an. L'adolescent est le fils, issu du premier mariage de Jim, et n'a pas grandi auprès de son père.
Tout a basculé dans la vie de Jim. Après deux mariages suivis de deux divorces, lassé par sa vie et sa profession de dentiste, sans stabilité affective réelle, James n'a pas le profil du père de famille idéal. Aussi quand il décide d'acheter ce terrain pour rompre avec sa vie, c'est le choix de cette vie au contact de la nature, qu'il fait. Séparé de son fils, il lui propose de l'emmener, Roy étudiera durant cette année au grand air par lui même.
Il y a vraiment deux histoires, l'une tourne autour de l'apprentissage de la nature, la nécéssité de survivre face à cette hostilité car même si elle procure une vraie liberté, la nature reprend toujours ses droits et l'autre histoire entre le père et le fils.
C'est un livre bouleversant, heureusement que cette lecture est rapide tant elle est intense, car c'est l'histoire d'une épreuve. Isolés dans cette nature, qui ne leur fait pas de cadeaux, face à eux même, Jim et Roy vont devoir se faire l'écho l'un de l'autre. Or dès le départ, le père et le fils ne sont pas en phase, des non-dits, des silences, de la pudeur, une immersion sensée les rapprocher, qui va déraper et vite se transformer en conflit intérieur, pour le fils qui regarde son père se perdre et le père qui veut à tout prix reprendre le cours de sa vie, en lui donnant un sens.
Il est difficile d'aller plus loin dans l'évocation de cette lecture sans en dévoiler l'intrigue, qui est vraiment unique et puissante. Dans ce roman, la nature renvoie l'homme à son instinct primaire de survie, le face à face avec soi même et l'isolement sont vraiment les clés de cette histoire, la nature est belle, elle est riche, elle apporte de quoi se nourrir, du bois, des fruits, elle apaise par le labeur et la bonne fatigue, elle est hostile à travers les ours et autre animaux de la flore, elle est imprévisible et rude avec ses conditions météo, et bien que nos deux personnages essaient de trouver un équilibre avec elle, une forme d'épanouissement ils se révèlent tout entier pour le meilleur et le pire aussi.